L'image critique et parodique qu'Aristophane nous donne de la tragédie attique est bien connue, en particulier à travers le conflit supposé entre Eschyle et Euripide. Mais, en retour, on a été jusqu'ici peu sensible aux aspects finalement euripidéens du langage et de la rhétorique de ses comédies elles-mêmes, dans un contexte politique et intellectuel identique. En fait, tout en critiquant les procédures poétiques de sa cible tragique préférée, Aristophane le comique reprend souvent dans ses propres drames des pratiques analogues, dans la transgression des règles de genre. La parodie d'Euripide ne fait qu'enrichir une poétique, une esthétique qui sont loin d'être aussi conservatrices qu'on a voulu l'affirmer ; ceci autant du point de vue du rythme métrique adopté dans les dialogues (M. Steinrück), de l'usage métaphorique et scénique des objets (F. Müller) ou des procédures de l'objectivation verbale (M. Vamvouri), des stratégies rhétoriques évoquant l'art des sophistes (P Voelke), des ressorts du tragi-comique par les jeux du masque (O. Thévenaz) ou encore de la dérision du pouvoir créateur de l'auteur comique lui-même (D. Bouvier). " La tragédie d'Aristophane ", c'était l'intitulé de la quatorzième rencontre à Lille des enseignants et doctorants en poétique grecque des Universités de Cornell, Harvard, Lausanne, Lille 3 et Princeton ; les contributions lausannoises à ce colloque de recherche composent le présent volume. |