Une approche inédite de l'un des plus grands poètes de l'ère romaine (l'une des premières « stars culturelles » de l'Empire), dont le célèbre libertinage va de pair avec une hantise de repousser la mort au moyen de l'art.
Exilé par l'empereur Auguste au bord de la mer Noire, le poète latin Ovide (qui vécut de - 43 à 18 ap. J.-C.) se trouva précipité dans une expérience existentielle à laquelle rien ne l'avait préparé. Son travail nostalgique le conduisit à ressaisir les sujets littéraires qu'il avait fréquentés : sous cet éclairage rétrospectif, l'œuvre entière prend, à la relecture, une couleur plus grave, plus émotionnelle, plus religieuse. Elle révèle un artiste complexe, curieux de métaphysique, abordant constamment la question des fins dernières. Dès ses débuts, Ovide avait vu la poésie comme un contre-chant orphique à la fragilité de la vie et la métamorphose comme une transgression à la mort. C'est la même quête du sens qu'il retrouvera à la fin de son existence.
Cette étude montre comment un intellectuel pétri par l'imaginaire antique fut capable, par sa sensibilité et par son drame personnel ultime, de s'ouvrir à l'ère nouvelle. Il fut soucieux de traverser le formalisme touffu des liturgies romaines pour en identifier le sens sacré. Il s'insurgea contre la restauration mythologique et religieuse voulue par Auguste. Il s'interrogea sur l'Au-delà. Il pressentit enfin que le monde raffiné qu'il avait connu basculerait. Ainsi, isoler et analyser le motif de la mort chez l'auteur des Métamorphoses, c'est tenter de cerner la mentalité des élites romaines de son temps, à la fois éclairées et superstitieuses, indécises face au destin de Rome et perplexes devant l'accélération de l'Histoire.
Xavier Darcos, ministre du Travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), a été doyen de l'Inspection générale de l'Éducation nationale et professeur associé à l'Université de Paris IV-Sorbonne. Il a également été maire, sénateur, ministre délégué à l'Enseignement scolaire puis à la Coopération, ambassadeur de France auprès de l'OCDE, et ministre de l'Éducation nationale. Il est l'auteur de nombreuses études littéraires (notamment sur Mérimée et sur Tacite) ainsi que d'essais historiques sur l'École et sur la laïcité. |