[ Traduit du grec par Pascal Charvet ]
Arrien nous décrit l'Inde telle que les Grecs la découvrirent ou crurent la découvrir, lorsqu'à la fin du printemps 327 avant J.-C., à l'époque de la mousson, Alexandre et ses soldats l'envahirent. C'est un pays à la fois réel et imaginaire qu'ils explorèrent, avec sa géographie et son histoire semi-légendaire, ses fleuves immenses, ses paysages, ses villes et ses fabuleuses richesses, ses animaux étranges et terrifiants, ses tigres, ses éléphants et ses baleines, ses guerriers vaillants comme le roi Pôros, ses castes et ses coutumes. Mais aussi ses courtisanes et tout ce qui rend l'amour plus agréable : les terrasses au clair de lune et la nuit parfumée, les pétales de fleurs sur le lit, les plateaux de fruits et les corbeilles de feuilles de bétel. Afin de restituer l'Inde telle qu'en elle-même, en contrepoint du regard d'Alexandre et des siens, le récit d'Arrien est accompagné de nombreux textes indiens anciens, traduits par les auteurs de l'ouvrage, qui viennent en écho évoquer les brahmanes et les moines bouddhistes, les ascètes et les sacrifices, la guerre et l'amour. Mais si ce voyage d'Alexandre fut une exploration et une reconnaissance ethnographique, ce fut aussi une expédition militaire. C'est ainsi qu'Arrien nous donne, dans son ouvrage, le récit par Néarque, amiral de la flotte d'Alexandre, du retour des vaisseaux le long des côtes indiennes depuis Karachi jusqu'en Perse avec nombre d'anecdotes et d'observations extrêmement précieuses. De nombreux récits des combats sans merci qu'Alexandre livra en Inde, relatés par Arrien dans un autre ouvrage, ont également été adjoints au récit de l'expédition afin de manifester le caractère ambivalent de celle-ci : la fascination qu'Alexandre éprouvait pour les ascètes indiens ne l'empêcha pas en effet, lorsque ceux-ci s'opposèrent à lui, de les faire massacrer. |