Cet essai sur la tragédie des Bacchantes, qui entre désormais au répertoire de la Comédie-Française, accompagne la nouvelle version du texte qui y sera joué. Cet essai livre les clefs du travail de Jean Bollack qui repose sur une interprétation différente de la tradition convenue. La tragédie existe d'abord en raison de l'innovation poétique qui est à l'origine même du théâtre et de l'action représentée; la mythologie est bien un support préalable, mais elle est entièrement transposée par la création d'Euripide. La tragédie des Bacchantes n'est pas non plus un document renvoyant à la formation d'un rituel ou d'un culte. La charge subversive que contient la pièce tient d'abord à l'énigme qui s'y déploie: un dieu, Dionysos, monte sur scène et se déguise en homme, dualité qu'il tient de naissance puisqu'il est fils de Zeus et d'une mortelle, Sémélé. Inéluctablement, la scène devient le lieu d'une question qu'est-ce qu'un dieu ? Et les résonances de celle pièce dans l'univers chrétien sont assez significatives pour être également examinées par l'essai de Jean Bollack qui finit par dégager l'écart qu'Euripide a su produire en imposant aux données de son époque (Ve siècle av. J.-C.) des transformations proprement novatrices -celles que seul nous livre son texte. |