Au début du premier millénaire avant notre ère, l'Iliade invente l'héroïsme. C'est une œuvre étonnante, où l'on ne se soucie pas de faire triompher le Bien du Mal : le regard d'Homère, dépourvu de tout manichéisme, sait percevoir, dans le sang et la poussière des combats, les signes de la grandeur humaine - quel que soit le camp des combattants. Et ses guerriers ne sont pas des pourfendeurs de monstres mythiques, ni des supermen bioniques : complexes, humains, ils n'ont pas fini de réveiller en chacun émotions et inquiétudes. Encore faut-il se prendre au jeu, entrer au cœur de l'Iliade, faire résonner en soi le récit épique, sans lequel il n'est pas de héros. Nous voudrions montrer ici au lecteur d'aujourd'hui de quoi est fait ce récit, et comment on peut le lire et le relire sans cesser d'y découvrir de quoi penser et s'émouvoir. |