Au Ve siècle avant notre ère, l’avènement des mages en Grèce ne se fait pas sans bruit. Présentés d’abord comme conseillers de rois, sacrificateurs et interprètes des songes, dans cet ailleurs qu’est l’empire perse, ils se retrouvent rapidement au cœur de la cité athénienne, où ils sont accusés de charlatanerie et de tromperie. Avec eux, apparaît une notion nouvelle, qui a connu une fortune durable dans la culture occidentale : la magie.
Rares sont les voix qui ont invité à questionner les évidences de ses origines. Peut-on continuer à postuler une contiguïté, sinon une coïncidence, entre la notion grecque de mageía telle qu’elle apparaît à la fin du Ve siècle et la conception moderne de magie, qui en fait une catégorie universelle, un type de mentalité ou de pensée ? Comment les Grecs ont-ils conçu cette notion nouvelle ? Quelles significations lui ont-ils attribuées ?
Dans une perspective d’histoire culturelle, ce livre analyse le contexte qui a favorisé l’émergence de la magie, au cœur des débats qui animaient les cités grecques. Il montre également comment elle a été conçue dans le creuset culturel grec et explore les représentations mobilisées à cet effet. A travers cette étude, ce sont plusieurs facettes de la culture grecque qui se révèlent, des dieux qui « médusent » à l’écriture qui enchaîne, de la puissance de la parole poétique à la figure de Socrate en robe de mage.
Marcello Carastro est docteur en histoire ancienne de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris ; il est également titulaire d’un PhD de l’université Johns Hopkins de Baltimore. |