"Démosthène : ne prononçait pas de discours sans avoir un galet dans la bouche ", écrit Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues. Cet Athénien qui bégayait, bafouillait et avait le souffle court devint pourtant à force d'obstination et d'exercices aussi variés que pittoresques le plus brillant orateur de l'Antiquité. Il exhorta ses concitoyens à tenir leur rang, défendant l'indépendance d'Athènes, la démocratie et la liberté et se suicida pour échapper aux agents de la Macédoine. Héros, martyr et saint laïc tel que le célèbrent les manuels de la Troisième République? Ou bien homme d'État corrompu aux moeurs efféminées, lâche, hypocrite? Démosthène continue à convaincre ou à irriter comme s'il s'agissait d'un homme politique contemporain.
Pierre Carlier, ancien élève de l'École normale supérieure, docteur ès lettres, est professeur d'histoire grecque à l'université de Nancy-II. |