Vous voyez, Chrysoula est un cas unique. Elle rassemble tous les signes du zodiaque sur son visage de déesse. A la racine du nez, le grain de beauté est lié à la Balance ; sur les pommettes, au Sagittaire et au Scorpion ; sur la mâchoire, au Capricorne ; entre le nez et la lèvre supérieure, au Verseau ; sur le menton, aux Poissons... Tout se passe sur son visage comme dans la carte du ciel. Il n'y a qu'une Grecque à qui pouvait échoir cette fortune. Je vous passe le détail des grains de beauté qui illuminent son corps. On y lit à livre ouvert le destin du monde. Voudrais-tu apparaître nue devant notre ami mon alcyon ?
Un an avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le hasard réunit à Cambridge, le temps d'une année universitaire, quatre étudiants, trois Britanniques et un Français. Un cinquième, français aussi, assez distant au début, deviendra leur historiographe, le témoin et le confident de leurs vies chaotiques dans les pires épisodes de la guerre froide.
Le roman tient son titre d'une vision poétique, bref répit dans le Londres pilonné par les Allemands. La mort y frappe à l'aveuglette et le Français, Georges Saval, s'évade pour une fin de semaine dans une auberge de la New Forest en compagnie d'une jeune femme dont le destin est déjà scellé. Ouvrant la fenêtre un matin, ils voient des poneys à longue crinière s'égailler en lisière de forêt, dernière vision d'un monde qui ne connaîtra jamais la paix.
Les poneys sauvages est un livre aux multiples facettes où le romanesque rencontre l'Histoire sans pitié. Pour ses quelques révélations sur le massacre de Katyn et la guerre d'Algérie, le livre fut violemment attaqué à sa parution. Le jury du prix Interallié couronna le roman en 1970. Trois ans après, Un taxi mauve reçut le Grand Prix du roman de l'Académie française, où Michel Déon fut élu en 1978. |