[ Traduit du grec par Marie-Christine Anastasiadi ]
Katinaki et Maritsa n'oublieront jamais la dernière promenade qu'elles ont faite avec leur grand-mère, à Smyrne. C'était au temps où la vie était douce et gaie dans la maison au grand escalier de marbre. Au temps où leur père leur rapportait un petit cadeau chaque soir, et où leur mère ne craignait que les souris. C'était avant que ne commencent les persécutions des Grecs à Smyrne, avant que leur père ne soit obligé de se cacher dans un trou creusé dans la buanderie, avant que Smyrne soit incendiée et qu'il ne reste de leur maison que l'escalier de marbre. Avant que leur grand-mère ne soit tuée, et qu'ils ne deviennent, tous les quatre, des réfugiés. Leur père, pourtant, continue à leur chuchoter chaque soir à l'heure de s'endormir, cette phrase qu'il leur répète depuis qu'elles sont toutes petites : Que demain soit un jour de bonheur. |