« Mon père, dit Haydée en relevant la tête, était un homme illustre que l'Europe a connu sous le nom d'Ali-Tebelin, Pacha de Janina, et devant lequel la Turquie a tremblé ». Ainsi Dumas utilise-t-il ce personnage historique comme ressort dramatique dans Le Comte de Monte-Cristo, ainsi que dans ses Crimes célèbres.
Mais le texte présenté ici aujourd'hui, totalement inédit en français, est une chronique inachevée parue dans le journal napolitain de Dumas, L'Independente, en novembre et décembre 1862, à la genèse rocambolesque. Séduit par deux lettres de « SA le prince Skanderberg, président de la junte gréco-albanaise », Alexandre Dumas, après s'être battu aux côtés de Garibaldi, s'enflamme pour la cause de l'indépendance de la Grèce et de l'Albanie. Ce portrait du Pacha de Janina, tyran d'origine albanaise allié des Occidentaux, et qui entra en révolte ouverte contre l'Empire Ottoman, est donc un écrit de propagande : Ali- Tebelin, « un homme qui avait à la fois en lui du Tibère, du Caligula et du Néron », y est également le symbole de la résistance face à l'oppression turque…
Petit-fils d'une esclave noire et d'un marquis créole, Alexandre Dumas a largement pris sa revanche sur son «infortune». Quand son père meurt, la famille n'a que peu de moyens pour les études d'Alexandre. Grâce aux relations de son père, il trouve une place de clerc de notaire. Ses talents d'écriture sont rapidement remarqués, et c'est sous la protection du duc d'Orléans qu'il travaille jusqu'à la révolution. Sa carrière littéraire commence par le théâtre mais, après le triomphe de sa pièce Henri III et sa cour, il préfère se consacrer au roman. Les succès populaires des romans-feuilletons se succèdent. Entre ses voyages en Russie et en Italie, il signe des dizaines de romans dont les personnages mythiques, les trois mousquetaires, le comte de Monte-Cristo, ont nourri, comme rarement, l'imagination populaire. En 2002, enfin reconnu, ses cendres sont transportées de Villers-Cotterêts au Panthéon. |