La première victime de la Guerre de Troie est une femme, Iphigénie. La flotte grecque sur le départ est bloquée à Aulis, faute de vents favorables, car Artémis est hostile au chef de l'armée, Agamemnon. Seule le sacrifice de sa fille Iphigénie pourrait apaiser la colère de la déesse. Agamemnon hésite avant de se plier aux ordres de l’oracle. Il mande sa fille à Aulis, sous le prétexte de la marier à Achille. La promise est conduite vers un autel autrement plus funeste. C’est alors qu’intervient Artémis qui dérobe Iphigénie et lui substitue une biche. Unités de temps et de lieu, conflit entre l’amour filial et celui de la patrie, le mythe d’Iphigénie est particulièrement propice à une adaptation tragique. Il fut traité par Eschyle et Sophocle avant Euripide qui en donna sa version à l’extrême fin de sa vie, probablement lors de son séjour à Pella, en Macédoine. La pièce eut des honneurs posthumes : présentée par Euripide le jeune pour son père, elle reçut en 405 le premier prix aux Grandes Dionysies.
Notre édition présente en un volume à part ce classique de la tragédie grecque, qui inspira, entre autres, Racine. Les récits traitant du mythe, tels que Les Chants Cypriens et les poèmes homériques, sont étudiés, si bien qu’apparaissent nettement l’évolution du mythe et les particularités d’Euripide par rapport à la tradition qu’il pouvait connaître. Les implications politiques et religieuses du texte sont mises en avant et assorties de judicieuses pistes de lecture. Les personnages ainsi que les innovations dramatiques sont présentés, tandis que l’histoire du texte et des manuscrits fait l’objet d’une analyse succincte. L’ouvrage est en outre enrichi de notes qui accompagnent la lecture. |