La notion géographique de l'Europe - ce " petit cap de l'Asie " aux yeux de Valéry - a préoccupé les hommes depuis la Haute Antiquité. Strabon y voit " la source de l'essentiel ", le lieu où les gens ont pris conscience d'un destin historique, d'un avenir commun. Face aux grands empires asiatiques, soumis à l'autorité de despotes autocrates, les Européens - à commencer par les anciens Grecs - se sont dressés pour affirmer les valeurs de liberté et la soumission de tous, non pas aux caprices du tyran, mais au règne de la loi. Bien que pluriculturelle, l'Europe n'en reste pas moins une et reconnaissable quant aux comportements esthétiques, aux attitudes intellectuelles, aux modes de vie. C'est au nom de ce destin commun qu'une quarantaine d'historiens de tous horizons se sont demandé jusqu'où remonter le temps pour trouver les premières racines d'un rêve qui se propose, aujourd'hui plus que jamais, de transcender les particularismes régionaux au profit d'une seule grande patrie. Toute guerre intra-européenne est désormais une guerre civile, toute action solidaire est une action culturelle, une action d'espoir. Les Européens sont appelés à cesser de souligner leurs divergences pour affronter ensemble les défis du troisième millénaire en intégrant le fait à la fois pluriel et unique que constitue, à travers la multitude de ses peuples, l'Europe de toujours. |