La Grèce, qui subit de plein fouet une crise financière sans précédent, est plus que jamais sous les feux de l'actualité. Mais qu'entendons-nous lorsque nous parlons de la Grèce ? Entre les Grecs et nous s'interposent tant de fantômes venus du plus profond de notre culture que nous ne parvenons plus à faire la part du réel et de la fiction. Dans notre esprit modelé par l'humanisme gréco-romain, les Hellènes d'aujourd'hui risquent toujours d'apparaître comme de pâles descendants, dégénérés, de la grande époque, celle qu'il est convenu d'appeler « le siècle de Périclès ». Il y a une dizaine d'années, sur ce thème de l'incommunicabilité culturelle et sous un titre volontairement provocateur (La Grèce n'existe pas), il avait paru instructif et amusant d'imaginer une suite de dialogues entre LUI, un voyageur rentré de Grèce, et MOI, un érudit qui s'efforce de corriger les impressions que ce dernier a recueillies durant son voyage. Il allait de soi que chacun d'entre nous pouvait être à la fois LUI et MOI. La situation qui règne à Athènes et suscite chez certains la tentation de renouer avec les clichés incite à republier un petit écrit moqueur et à le compléter d'un septième dialogue qui fait le point dix ans après.
Né en Belgique, Michel Grodent a été durant plus de trente-cinq ans journaliste culturel au journal Le Soir de Bruxelles. Traducteur, il est l'auteur d'une étude sur la poésie et la chanson dans l'histoire de la Grèce moderne. |