Les Cénobites précédé de "Le Bidet" et autres histoires de Marios Hakkas
Marios Hakkas croyait à un monde plus juste : il fut broyé, comme tant d'autres, entre le pouvoir de droite et les caciques de son Parti. Puis ce fut la lutte finale : un vain combat contre le cancer. Mort à quarante ans, Hakkas n'a laissé que trois livres, dont voici les deux derniers. Les nouvelles du Bidet (1970) et des Cénobites (1972) sont une chronique personnelle et collective, le portrait d'une génération brisée, où la maladie d'un homme et celle du corps social servent de métaphore l'une à l'autre. Ce pourrait être sinistre. Eh bien non : Hakkas a mis dans ces pages terribles une lucidité, une rage qui font mal, mais aussi un humour étonnant, pas toujours noir, une tendresse profonde (quand il décrit le faubourg populaire d'Athènes où il a vécu, les petites gens qu'il y a connus), et une imagination toujours plus folle. Cette course à la mort est portée par une verve fiévreuse, une audace, une jubilation dans l'écriture, un talent toujours plus éblouissants. Un homme porté au-dessus de lui-même par son plus dur combat, tirant ses fusées jusqu'au dernier souffle : spectacle aussi consolant, peut-être, que déchirant.
Né en 1931, Marios Hakkas passe sa vie dans la banlieue populaire d'Athènes, hormis les années de prison (1954-1958, puis un mois en 1967) en raison de son engagement politique. Atteint d'un cancer en 1969, il consacre tout son temps à l'écriture et meurt en juillet 1972. En 1966 il avait publié un premier recueil de nouvelles, un deuxième en 1970. Le troisième (Les cénobites) paraît quelques jours après sa mort. Il a en outre écrit trois pièces en un acte, L'une, Culpabilité, avait été jouée en 1970. |