Deux jeunes peintres, un Suisse et un Français, fatigués de l'Italie, vont parfaire leur art au soleil de la mer Égée et s'arrêtent à Salonique, ville de tous les mélanges : un lieu qui les fascine (on est en 1913) par le talent par l'art même - que chacun met là-bas à vivre... alors que résonnent alentour des bruits de bottes annonciateurs de méchants lendemains. 1913. La date - sans que rien ici le précise formellement - renvoie à un autre voyage : celui que Paul Klee entreprit cette année-là avec son ami August Macke. Deux peintres encore, portés par le désir d'inventer un nouveau regard, et qui allaient ingénument à la découverte du soleil. C'est aussi la dernière année de la vieille Europe des mélanges, qui dans quelques mois aura perdu, et pour longtemps, le peu qu'il lui restait d'illusions - et d'innocence. Dans la ville en gradins qui domine le bleu de la mer Égée, Turcs, Grecs, Bulgares, Serbes, Croates, Albanais, Tsiganes cohabitent encore comme autant de cousins, à peine plus turbulents qu'il n'est de mise, dans un climat qui n'est pas sans rappeler celui des Mille et Une Nuits... |