Smyrne fut la ville la plus représentative de la structure pluri-communautaire de l'ancien Empire Ottoman ; il y coexistaient des populations turque, grecque, arménienne, juive et franque (c'est-à-dire des latins occidentaux). Dès les premières années du XVIIIe siècle, le port et la ville prennent leur essor. Smyrne devient un entrepôt international actif et prospère : c'est le point d'arrivée des caravanes qui transportent la soie d'Extrême-Orient et le sel d'Anatolie. A cette même époque, des colonies non-musulmanes s'établissent dans la ville.La communauté juive, quant à elle, se forma dès le XVIe siècle à partir, surtout, d'une immigration venue de la péninsule ibérique. Tous les Juifs de Smyrne sont d'ailleurs censés avoir été expulsés d'Espagne en 1492...L'étude de cette communauté présente un intérêt particulier. Elle a été soumise, jusqu'à la Première Guerre mondiale, à des influences diverses et souvent opposées : adhésion à l'ottomanisme
- et cela jusqu'à une certaine "intégration" ; influence européenne, qui transforma la communauté juive en la modernisant, l'éloignant par là même du nationalisme turc ; action de la République ambitionnant de faire des Juifs turcs... des Turcs de religion mosaïste ; tentation du sionisme... Après bien des tribulations et des luttes, la communauté juive de Smyrne devait rester - malgré l'émigration - la seule des communautés non-musulmanes, Grecs et Arméniens ayant été éliminés. |