Chatoyant, virtuose, profond, le Phèdre constitue l'un des chefs-d'œuvre de Platon.
De l'amour et de l'art de discourir : c'est d'abord ce double thème qu'explore Socrate dans un dialogue à hâtons rompus avec Phèdre, sur les bords ombragés de l'Ilissos, au pied de l'Acropole écrasée de chaleur. La rhétorique est dangereuse quand elle n'est pas guidée par le souci du vrai, et l'amour funeste quand il n'élève pas. Pourtant, que la visée de la vérité et l'amour divin pour le beau s'emparent des âmes, et tout s'inverse : Socrate, de mythes en discours, dessine les contours de l'essence de l'âme, et trace la voie de la connaissance vraie, celle de la dialectique, qui jetterait les hases d'une rhétorique philosophique.
Enfin, il statue sur la redoutable écriture, un jeu sans valeur, à moins que par l'imitation des discours philosophiques vivants, elle ne contribue à féconder les âmes. Pourquoi et comment devient-on philosophe ? Tel est bien au total l'enjeu central du Phèdre. |