L'idée d'une création ex nihilo, envisagée à titre de supposition par la pensée grecque, a été aussitôt rejetée comme pure absurdité. Cette condamnation, explicitement soutenue dès Parménide, vise-t-elle le grand mythe cosmogonique de référence qui, chez Hésiode, fait " naître " en premier Chaos ? Brise-t-elle une réception du monde entre un muthos et un logos ? Cet essai veut démontrer qu'il n'en est rien, à condition de bien entendre le mythe qui n'enregistre pas une naissance ponctuelle à partir du néant, mais décrit un processus toujours reproduit : le retrait incessant de l'infigurable (seule définition possible de Chaos) pour laisser advenir ce qui n'est pas lui, à savoir un monde en train de se configurer... sans cesse. Alors que le muthos traque " ce sans quoi " les choses peuvent apparaître, le logos définit " ce d'où " elles adviennent et retournent. Les Anciens ont tracé deux itinéraires : celui qui débouche sur l'inhérence de " ce d'où " les choses proviennent et celui qui mène au dévoilement de " ce sans quoi " elles poussent. Le fameux antagonisme muthos logos est à reconsidérer... à l'aune de l'éternité et de son étonnante condition originelle : l'infigurable Chaos dont l'incessant retrait offre au monde la condition de son discernement. L'ouvrage invite à suivre ces cheminements parallèles d'une pensée qui se réfléchit dans son refus du néant. |