Jours d'Alexandrie se déploie sur les soixantes premières années du XXe siècle, du début de la Première Guerre mondiale à la nationalisation du Canal de Suez. Saga urbaine et familiale, épopée des diasporas, les personnages gardent, où qu'ils soient, un lien viscéral avec leur ville, Alexandrie, Babel des temps modernes. On ne peut s'empêcher de songer au Quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durell. Trois figures emblématiques se détachent : Antonis Hàramis, le Grec chef de famille, issu des milieux les plus pauvres d'Athènes, devenu l'industriel du tabac le plus important d'Égypte, Élias Khoùri, "le Libanais" distant, manipulateur, polyglotte, incarnation de l'internationalisme alexandrin, point de jonction de tous les personnages. Et Yvette Santon, Française au caractère bien trempé, agent secret des Anglais. Autour d'eux gravite une pléiade d'acteurs d'origines et de conditions très diverses. Mais au-dessus de tout et de tous, Alexandrie, impériale, observe les fortunes qui se nouent et se dénouent, et la marche du temps.
Jours d'Alexandrie est imprégné d'une ironie subtile, presque tragique, vis-à-vis des multiples destins et à l'égard d'Alexandrie elle-même ; roman-fleuve historique, érotique, politique et socialo-urbain, il est le palimpseste d'une époque où l'aventure, l'inventivité et l'amour de la vie étaient élevés au rang d'idéal parce qu'elle sentait, déjà en soi, les germes de la décadence et du désastre.
« Dimitris Stefanakis peaufine les décors et les costumes à mesure qu'il ouvre une à une les portes d'une cité élégante et cosmopolite. Son Jours d'Alexandrie entraîne aussi le lecteur à Paris, au Caire ou à Munich. C'est de là qu'en 1922 Mahos écrit à son père qu'il a entendu " un orateur des plus inspirés : Adolf Hitler. "... Fresque romanesque qu'on ne lâche pas, le réjouissant livre de Stefanakis est une incontestable réussite du genre. » Livres Hebdo
[ traduit du grec par Marie Roblin ] |