"J'ai ouvert un monde nouveau à l'archéologie" déclarait Schliemann en 1873. En 1868, sa fortune faite, le génial autodidacte peut enfin réaliser son grand rêve : partir à la recherche du véritable site de la ville de Troie, évoquée par Homère, qu'il trouve bientôt aux pieds de la butte de Hissarlik. Cinq ans plus tard, il exhume le "trésor de Priam", puis, à Mycènes, le masque funéraire dit d'"Agamemnon". Cette dernière découverte le portera au sommet de sa prodigieuse carrière d'"archéologue aventurier". Mais ces trésors dévoilés ont soulevé de nombreuses interrogations. En effet, les aspirations romanesques de Schliemann n'ont pas toujours été prises au sérieux, et l'honnêteté de son travail a été mise en doute. Il y a seulement quelques années, des chercheurs se sont interrogés sur l'authenticité de ses recherches. Avait-il truqué les fouilles par des artefacts provenant d'autres sites ? Cette hypothèse a longtemps divisé les archéologues du monde égéen. Dans cet ouvrage passionnant, David A. Traill se base sur un vaste corpus de lettres, de notes personnelles et autres sources originales pour démontrer que Schliemann a réellement déformé les rapports de fouilles et a même falsifié ses propres notes afin de donner du crédit à ses découvertes. L'archéologue qui apparaît tour à tour tortueux, menteur, impitoyable, égoïste mais aussi incroyablement moderne, s'avère une figure fascinante, particulièrement à l'heure où le "trésor de Priam" ressurgit des oubliettes de l'histoire et des réserves des musées russes. |