"Tu es comme l'artisan qui nettoie les vieilles icônes salies par les siècles. Alors se révèle le doux visage dans son auréole d'or vif." La simplicité fervente des mots, l'éclat précis de la comparaison donnent le ton de ce livre et en font deviner la substance : c'est à Jeanne, sa soeur, que s'adresse Georges Séféris, et lui, l'écrivain consacré par le prix Nobel, l'auteur de ces poèmes "écrits dans la vraie couleur, mais enveloppés d'une brume" (Yves Bonnefoy), que les lecteurs français ont découverts en 1963, murmure familièrement sa gratitude envers celle qui a partagé ses grands secrets torturants, chancelé comme lui aux malheurs de l'histoire et aux souffrances de la Grèce, accompagné, dans la plus tendre sollicitude, son effort pour atteindre à l'essentiel et aller au plus loin. Dans ce journal à deux voix, livre d'heures où s'inscrivent, avant la gloire, deux vies parallèles, nous découvrons véritablement Georges Séféris ; au coeur souriant du quotidien ou dans les bouleversements du monde, il est celui qui "ferme les yeux, cherchant le lieu secret où les eaux se croisent sous la glace".
Editions Grasset, Paris, Collection Littérature, 11/1978, 14 x 22, 88
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