En 1198, Innocent III lance un nouvel appel à la croisade le quatrième dans l'histoire de la Chrétienté. Si aucun souverain n'y répond, il rencontre en revanche un vif succès auprès des chevaliers et des barons. L'expédition sera acheminée par mer, via Venise qui fournira les navires nécessaires. Malheureusement, les croisés ont surestimé leurs effectifs et la somme promise aux Vénitiens ne peut être acquittée. Des tractations s'engagent avec la république marchande. Celle-ci oblige les croisés à prendre la ville chrétienne de Zadar, sur la côte dalmate, mais les chevaliers manquent toujours de fonds. Ils acceptent alors de s'impliquer dans les querelles dynastiques de l'Empire byzantin. En 1203, ils investissent une première fois Constantinople afin de remettre sur le trône l'empereur déchu Isaac II Ange. De promesses non tenues en révolutions de palais, la situation dégénère. Les croisés mettent la ville à sac en 1204, pillent ses trésors et massacrent la population. Cet élan de la foi qui devait délivrer Jérusalem se termine en bain de sang sur les rives du Bosphore. L'aventure de ces chevaliers français qui ravagèrent la plus grande ville chrétienne du monde a eu un témoin : Geoffroy de Villehardouin. Observateur attentif, le chevalier champenois a produit un récit vigoureux, précis, l'un des plus anciens monuments de la prose française. Il nous plonge dans un monde brutal où les carnages succèdent aux scènes d'intense piété, ou les basses intrigues côtoient les actes de bravoure. Jean Longnon a restitué le texte intégral de ce document inestimable, en a rajeuni la langue tout en lui conservant sa saveur et sa truculence. Pour compléter ce récit, il nous présente en fin d'ouvrage un texte de Robert de Cléry, autre acteur de cette croisade, intitulé L'histoire de ceux qui se croisèrent. |