Les sept nouvelles qui composent Sortilèges et maléfices constituent l’œuvre intégrale en prose de Georges Vizyinos. Parmi elles, seule celle intitulée « Le Péché de ma mère » fut traduite en français, en 1883, dans La Nouvelle Revue de Paris. Comme leur auteur, elles sont hantées par la folie. La nouvelle « Moscov-Selim » est significative du mélange d’humour et de désespoir qui baigne tout le recueil : le héros en est un Turc si maltraité par son propre peuple qu’il en vient à vouer, pendant sa détention comme prisonnier de guerre en Russie, une admiration inconditionnelle à tout ce qui est russe. Entre le vécu des personnages, dont l’histoire est contée, et la réalité sociale dans laquelle ils se meuvent, aucun lien n’est possible : la démence est alors la seule issue.
Né en 1849 dans le village de Vizyi en Thrace, mort en 1896 dans un asile de fous à Daphní, Georges Vizyinos laisse une œuvre de nouvelliste extraordinaire dont l’importance ne sera reconnue que longtemps après sa mort. Marginal, il choisit le camp des « puristes » au moment où s’impose la langue populaire dans la querelle des « anciens et des modernes » qui divise les écrivains, et – faute impardonnable –, il donne, dans plusieurs de ses nouvelles, un portrait sympathique du caractère turc. Méprisé par l’intelligentsia athénienne, il se met en tête de découvrir une mine d’or près de son village natal. Interné en 1892, il ne cesse d’écrire des poèmes et de traduire Dante, Pétrarque, Goethe, Schiller. |