Traduction : Nadine Picard, Sandra Boehringer
Préface : David Halperin
Qu’y a-t-il de commun entre un rêve érotique, un jardin florissant, des gâteaux en forme de sexe, une poupée piquée d’épingles, un œuf caché dans les jacinthes et le linceul tissé par Pénélope ? Avec érudition et humour, John Winkler le montre : la construction et la définition des rapports de sexe et de genre se manifeste là, non seulement selon les normes de l’élite athénienne, mais aussi selon les pratiques populaires en Grèce ancienne.
De l’œuvre d’Homère et de la poésie de Sappho aux romans grecs, sans négliger des sources moins étudiées (textes médicaux, papyrus magiques, interprétations de rêves), Winkler entraîne son lecteur loin des interprétations consensuelles des textes canoniques – souvent ethnocentrées et androcentrées.
Winkler concilie avec éclat anthropologie, féminisme et philologie classique. Enquêtant dans un monde exotique – la Grèce ancienne, quoi qu’on en pense, nous est étrangère –, Winkler relève les indices et trace les contours de la cartographie politico-érotique des Anciens. On accède alors à ce que masquait l’image idéale et figée d’une virilité dominante : il y eut une figure, celle du kinaidos, pour hanter cette virilité ; il y eut des femmes pour savoir jouer avec les normes et conquérir une autonomie ; il y eut des stratagèmes, des astuces, par où s’écrivaient, se vivaient d’autres formes du désir. |