Préface : Olivier Rolin - Traduction du grec : Michel Saunier
«Je voudrais qu'on oublie aussi mes ossements, mais dans un bordel. Et que les femmes s'en servent comme canules pour leurs bocks, comme fume-cigarettes, comme sifflets.»
Odyssée moderne d'une noirceur totale, Le quart relate les errements d'une embarcation sans âge, en route vers la Chine. Cercueil flottant, le cargo et son équipage voguent sans cesse vers d'autres ports, d'autres maraudages, d'autres bordels et d'autres putains. Entre deux escales, les marins grecs qui se trouvent à bord nous livrent sans pudeur leurs misérables existences ; ils ressassent leurs aventures, leurs amours, leurs échecs, avec une amertume et une mélancolie abyssales.
Chef-d'œuvre publié en 1954, le roman du poète grec Nikos Kavvadias parle de l'absurdité humaine mais aussi et surtout de la mer, ce lieu mythique que, de Conrad à Cendrars, nul n'a si bien décrit que lui.
Né en Mandchourie en 1910, Nikos Kavvadias rentre en Grèce encore enfant. Après de brèves études, il devient marin, télégraphiste plus exactement, et commence à écrire des poèmes. Très populaire en Grèce, il est devenu un classique ; ses nombreux poèmes mis en musique alimentent le répertoire populaire et gouailleur du Rebetika. Nikos Kavvadias est mort en 1975. |