Paul Dietschy, Yvan Gastaut, Stéphane Mourlane
Mobilisant les États et les gouvernements pour son organisation, donnant à voir l’affrontement pacifié des nations et suscitant des élans de passion nationale, la grande compétition quadriennale est un objet historique éminemment politique. L’objet de cet ouvrage est de proposer, à partir des exemples les plus significatifs, une analyse du caractère politique de ces événements sportifs. L’appropriation politique des Coupes du monde ne relève pas seulement d’un projet de politique intérieure. Elle s’insère dans le jeu des relations internationales dont le sport est devenu un acteur de premier plan.
Extraits de l’introduction:
De l’omniprésence de Mussolini pendant la Coupe du Monde organisée en Italie en 1934 au baiser de Jacques Chirac sur le crâne chauve de Fabien Barthez le 12 juillet 1998 au stade de France, la deuxième compétition sportive du monde en termes d’audience télévisée - après les Jeux olympiques d’été - n’a jamais pu maintenir « la position de neutralité absolue et intransigeante » qu’aurait voulu respecter son créateur, la FIFA lors de sa fondation en 1904 [...] Le président en exercice, le Suisse Joseph Blatter, reconnaît que désormais « le sport a presque entièrement perdu sa chasteté » en la matière. Confrontée aux exigences des puissances politiques et économiques, la FIFA est devenue une organisation non-gouvernementale disposant d’importants moyens et dont les buts dépassent largement l’horizon borné des stades. [...] Ce nouveau rôle d’acteur des relations internationales a été reconnu officiellement par l’accueil, le 24 janvier 2006, au siège de la FIFA du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Évoquant avec Joseph Blatter « le rôle du sport dans l’amélioration de l’éducation et de la santé dans les pays les plus pauvres » ou l’impact de la Coupe du Monde 2010 organisée en Afrique du Sud sur le développement de l’Afrique, Kofi Annan insistait aussi sur les pouvoirs positifs du football : « Le sport a l’incroyable faculté de catalyser les changements positifs dans ce monde qui est le nôtre et je ne connais rien d’autre qui sache unir les peuples comme le football. Toutes les personnes impliquées dans un match deviennent en l’espace de 90 minutes une seule et même nation. »
Paul DIETSCHY est maître de conférence à l’université de Franche-Comté et à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po.) Ce livre est le résultat critique de trois années de recherches dans les archives de la FIFA à Zurich
Yvan GASTAUT est maître de conférence à l’université de Nice, spécialiste d’histoire contemporaine et notamment des aspects politiques, sociaux et culturels des migrations.
Stéphane MOURLANE, attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’université de Nice se spécialise dans l’histoire du sport et participe régulièrement aux congrès d’historiens |