[ Traduit du grec ancien par Georges Rombi, Didier Deleule ]
"Cynique", dans le langage courant mais déjà dans la philosophie ancienne ou moderne, est une appellation péjorative visant celui qui fait ouvertement profession de dérision, d'impudence, voire d'immoralité. Et force est de reconnaître que dès le début, c'est-à-dire au IVe siècle av. J.-C., les individus qui se sont vus traités de "chien" (kuôn en grec - génitif kuvós - d'où dérive le terme "cynique") par la foule n'avaient pas volé leur sobriquet. L'histoire est connue : Diogène le premier ne vivait-il pas comme un chien, se masturbant ou faisant l'amour en public, dormant dans un tonneau, errant nu-pieds de ville en ville, crachant au visage de ses hôtes et dispensant son enseignement philosophique à coups de bâton ? Objet de mépris ou de moquerie, le cynisme n'a pas connu la postérité des écoles philosophiques de son temps (celle de Platon, d'Aristote, d'Epicure ou des stoïciens). |