[ traduit du grec et présenté par Gilles Ortlieb ]
Ne pas pouvoir travailler, autre torture. À peine me suis-je affranchi de la routine, à peine la plume touche-t-elle le papier que je revois ce corps, et les barrages cèdent. Jamais ses seins n'ont été aussi vivants que la dernière fois. Ils avaient la force d'un profond printemps en marche.
Mauvaise nuit. Une aiguille me brodait son nom sur la peau comme sur le tricot d'un marin. J'étais brûlant. A l'aube, un sommeil lourd, sans rêves. A peine réveillé, je suis sorti et je suis monté vers Maroussi. Les baraquements des tuberculeux, dont les planches n'avaient même pas été rabotées. Le parfum de la terre chaude mêlée à l'horreur du corps humain. Dans un café, un violon et un piano répétaient la Valensia. Au fond, la crête de l'Hymette, d'une incroyable présence.
Georges Séféris.
Prix Nobel de littérature ni 1963, Georges Seféris est unanimement considéré comme le plus grand poète de langue grecque du XXe siècle. A son actif un seul roman Six Nuits sur l'Acropole. Un texte envoûtant, qui combine le récit classique et le journal intime - celui d'un écrivain, nommé Stratis, dont on peut imaginer qu'il s'agit de Seféris. Hymne à l'a mou~ à la Grèce, à la culture, Six Nuits sur l'Acropole nous invite au voyage et à la rêverie. |