[ Traduit de l'anglais par Annie Schnapp-Gourbeillon ]
Pendant très longtemps la Grèce archaïque a été perçue comme une préparation à la suprême beauté de la Grèce classique. Dans la rudesse des "Apollons" de Naxos ou de l'Attique, on guettait l'origine de Phidias et, chez Hésiode, celle d'Eschyle. La réaction est venue mais elle ne fit qu'inverser les rapports ; on se prit de passion pour la sauvagerie parce qu'elle était sauvage: la brutalité d'Achille apparaissait plus digne d'admiration que la grâce d'une Victoire détachant sa sandale. C'était là oublier que les civilisations ne se vivent pas au passé mais au présent.
La Grèce archaïque ne s'est jamais vécue comme telle. Ses cités, ses armes, ses temples et ses lois ont été autant de créations nouvelles. D'autant plus nouvelles que l'on se trouve à l'origine devant une table presque rase. Au ix, siècle avant J.-C., point de départ de ce livre, il ne reste presque plus rien - si ce n'est la langue grecque - de la civilisation mycénienne.
Entre ce désert humain et le temps des guerres médiques, Anthony Snodgrass, professeur d'archéologie à l'Université de Cambridge, a entrepris de décrire une histoire : aventure conquérante d'hommes qui fondent la cité et l'exportent de l'Italie du Sud à la mer Noire, qui réapprennent l'écriture pour noter des lois mais aussi des poèmes.
Pour rédiger un tel livre, il fallait maîtriser toutes les techniques, celle de l'archéologie bien entendu, mais aussi celles de l'histoire de l'art, de l'histoire littéraire, de l'histoire économique, en un mot de l'histoire tout court.
Professeur émérite d'archéologie à l'université de Cambridge, président du Comité britannique pour la réunification des marbres du Parthénon, Anthony Snodgrass est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire de la Grèce antique et à son archéologie. |