L'Orphée de Marcel Detienne n'est pas celui, de loisir, qui chante le voyage d'hiver des Argonautes, ni celui qui descend aux Enfers, mais un Orphée qui vit absolument séparé de ceux et de celles qui naissent citoyens programmés, dressés à s'entre-tuer autour de leurs autels ensanglantés.
Orphée dénonce le meurtre et le sang versé. Cette violence est celle de la vie quotidienne, visible dans les histoires des dieux et des déesses que se plaisent à écouter ses contemporains dans les banquets, dans les joutes poétiques comme dans des gestes aussi simples que planter un olivier, dresser la table ou faire l'amour. Il faut à Orphée une vie sans concessions, mais aussi des dieux radicalement différents. Alors, pour l'historien sagace et attentif, se lève un coin de la mythologie grecque, celle qu'Orphée voyait, en dissident extrême. |