Entre les lauriers-roses qui bordent nombre, de routes du Péloponnèse, nous ne nous attendons pas à trouver derrière les âpres sommets qui ferment l'horizon les restes d'un passé fastueux, ni l'éclat lumineux et soudain d'un vallon verdoyant. C'est pourtant à ces brusques métamorphoses que l'on pourrait résumer la Grèce, qui voit se marier rochers calcinés et mer limpide, rigoureux sanctuaires et lacis coloré des petits villages. Aux sommets enneigés de l'Olympe se confrontent ses pentes boisées et la riche Thessalie, aux montagnes sévères d'Epire les plantations d'orangers de la plaine d'Arta, aux massifs de Macédoine les rizières de l'Axios, à une terre tourmentée une mer toujours lisse. Tout ici se heurte depuis la nuit des temps, comme se heurtaient des dieux conçus avec les passions des hommes, comme se heurte encore le peuple grec à la terre qui le porte. La violence de la nature a forgé une race rude qui, après avoir civilisé un monde, est parvenue à résister à toutes les atteintes et à préserver son identité. Une race qui sait donner tout son prix à la vie et toute sa symbolique à la mort. Une race qui sait donner tout simplement, et pour qui l' " étranger " est aussi l' " hôte " impatiemment attendu. Partez en Grèce, les dieux ne sont pas morts ! |