La principale différence entre Elytis et Anagnostakis, c'est que chez le poète d'Axion esti, on lit l'enfer présent entre les lignes, tandis que chez le poète de Charts 44, entre les lignes on lit le paradis perdu. Le contraste pourrait d'ailleurs être développé sur nombre d'autres plans : à la Grèce pan-historique, éternelle, où matière et langage sont indissociables, que restitue avec une admirable plénitude et une architecture lumineuse Elytis, s'oppose la Grèce historique, une Grèce "en creux", faite "d'époques", sombre et fugace, où matière et langage sont dissociés ce qui explique le désabusement du poète vis-à-vis du rôle de sa poésie que rend avec une précision chirurgicale - dirions-nous "professionnelle" - non moins surprenante Anagnostakis. La Grèce nous découvre ainsi ses deux faces, l'une splendide et solaire, finalement difficile à apprécier à sa juste valeur sans l'autre, désolante et lunaire, recelant une sombre beauté dans son enseignement tragique. A mon sens, et c'est pourquoi la présente traduction a vu le jour, l'une comme l'autre sont nécessaires si l'on ambitionne de connaître un peu ce pays unique qu'est "l'hellade des Hellènes", la Grèce des Grecs qui, convenon-en-malgré les facilités touristiques - est pour nous non moins inaccessible que le soleil ou la lune.
Εξερευνήστε τα σχετικά θέματα:
Ίσως σας ενδιαφέρουν επίσης τα επόμενα θέματα: