La guerre n'a rien d'un jeu : pour les soldats projetés dans l'enfer des guerres balkaniques du début du XXe siècle, l'apprentissage est rude. Dès le début, les écrivains, les reporters sont à leurs côtés : sur les fronts les plus improbables, au cœur des montagnes comme au bord des mers Egée et Adriatique, dans les villes de Salonique, Monastir ou Bucarest, dans le " Désert des Tartares " de la plaine de Thrace, l'entrée dans le monde moderne se joue. Combattants ou témoins, idéologues chauvins ou pacifistes convaincus, les plus grands auteurs se font face : Turcs (Mehmet Emin Yurdakul et Omer Seyfettin), Grecs (Ion Dragoumis), Serbes ou Bosniaques (Milutin Bojic et Ivo Andric), Bulgares (Yordan Yovkov), ils sont rejoints par les plus brillants journalistes de l'époque, John Reed, Marcelle Tinayre, les frères Tharaud, ainsi que par des romanciers à la prose vigoureuse : Albert t'Serstevens, Henri Frapié et le remarquable Roger Vercel qui donne ses lettres de noblesse aux corps francs dans Capitaine Conan. Tous entendent faire entendre leurs voix : ils s'observent dans les tranchées, ils se traquent sur les champs de bataille et si leurs plumes exaltent parfois le sang et la glèbe, ils finissent par se rejoindre dans l'horreur de la guerre. Trois auteurs contemporains - Starova, Gürsel, Maspero - reviennent sur le lieu des crimes afin de livrer un témoignage humaniste. |