Quasi inexistant lors de l'entrée en guerre de la Grèce en 1940, le Parti Communiste de Grèce (KKE) devient à la libération la première force politique du pays. S'il a su maîtriser, renforcer et diriger un vaste mouvement populaire - un des plus forts d'Europe - contre l'occupant, il n'a pu ni n'a voulu en revanche s'imposer à ses concurrents. Trop fort et trop faible en même temps, le KKE a laissé échapper le pouvoir en décembre 1944. C'est le début de l'engrenage fratricide. Les héros de la résistance deviennent des martyrs dans leur propre pays, victimes de gouvernements libéro-populistes ayant une fâcheuse tendance à blanchir, voire utiliser, les anciens collaborateurs pour cette noire besogne. C'est dans ce sombre contexte que la guerre froide vient embraser de nouveau cette terre de passions. Forte de l'aggravation des tensions internationales, la nouvelle direction communiste va se lancer dans une folle aventure : refaire l'histoire, tracer une troisième voie entre stalinisme et titisme. Mais ni Staline, ni Truman, ni même Sophoulis ou Tito ne laisseront une chance de survie au KKE. En 1949, la guerre civile se termine. Mais pas la tragédie néo-hellénique. Le pays en sort atomisé, exsangue et traumatisé. Il lui faudra 25 ans pour s'en remettre. Et encore. |