[ Traduit du grec par Michel Volkovitch ]
Treize nouvelles, comme les maillons d'une chaîne. Un récit en pointillé, où les silences jouent un grand rôle. Un fil conducteur, de la petite enfance à l'âge adulte, la formation - ou la déformation ?
- du narrateur et de sa sexualité. Enfin, une question qui peu à peu s'impose: quel est le "je " qui parle ici, dont l'auteur nous dit que c'est lui-même, tout en se contredisant par ailleurs? Question centrale qui, ricochant d'histoire en histoire, de reprises en démentis, d'allusions en fausses confidences, donne à ce livre - et à toute l'oeuvre de Taktsis - une dimension nouvelle. A mi-chemin entre fiction et confession, entre
son roman et sa " quasi-autobiographie " (en préparation), Taktsis atteint ici un point d'équilibre, où les deux passions qui l'écartèlent
depuis toujours - celle de se travestir, celle de se mettre à nu - s'affrontent sans se départager en un jeu de miroirs sans fin. Voilà, sous des dehors discrets de musique de chambre, un livre aussi subtil, fort et vertigineux que l'impressionnant Troisième anneau.
Une Grèce qui sonne vrai, loin de tout folklore, saisie par un œil et une oreille ultrasensibles, décrite avec un frémissement d'écorché vif, et toujours le même art du récit, du dialogue, du tempo Taktsis nous entraîne du cocasse au tragique, du feutré au terrifiant, avec un sens du théâtre éblouissant.
Costas Taktsis est né en 1927. Au cours des années 50 et 60, il fait de longs séjours en Europe occidentale, en Australie et aux Etats- Unis. Outre Le troisième anneau et La petite monnaie, il a publié un recueil de textes intitulé Ma grand-mère Athènes. Il a traduit, entre autres, quatre comédies d'Aristophane. Le troisième anneau a paru aux Editions Gallimard en 1967 dans une traduction de Jacques Lacarrière. |